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Étiquette : thé

Jasmin Impérial Bio de L’Autre Thé

Le thé au jasmin est un de mes thés parfumés favoris. Je vous fais découvrir un de L’Autre Thé : le Jasmin Impérial Bio. Un grand cru alliant puissance et délicatesse.

Le plus ancien thé parfumé

Le thé au jasmin est le plus ancien des thés parfumés qui trouve ses origines dans la Chine de la dynastie Song (960 – 1279). C’est également le thé parfumé le plus populaire dans ce pays asiatique qui n’a pas pour habitude de consommer des thés parfumés et aromatisés (qui est plutôt une habitude européenne). La production de ce thé est développée dans les régions où l’on cultive du jasmin, fleur qui symbolise l’amour dans la culture chinoise.

Un thé parfumé naturellement

Le thé au jasmin est un thé vert qui a été parfumé naturellement par des fleurs de jasmin. Le procédé reste ancestral. Il s’agit de mettre en contact, en alternance, des couches de feuilles de thés avec des couches de fleurs de jasmin qui sont totalement ouvertes pour libérer leur parfum. Ce mélange reste ainsi pendant plusieurs heures et est ensuite brassé. L’opération peut être répétée plusieurs fois selon la qualité souhaitée. Pour finir, les fleurs de jasmin sont retirées des feuilles de thé.

Le jasmin est une fleur assez olfactive pour parfumer le thé sans ajout d’arôme. C’est la différence entre un thé parfumé et un thé aromatisé. Pour obtenir le premier, l’ingrédient que l’on rajoute est suffisant pour le parfumer, lui donner son odeur, et pour avoir le second, il faut mélanger aux feuilles de thé, des arôme(s), naturel ou non.

On peut trouver du thé au jasmin avec comme base, du thé blanc. Il existe également les perles de thé. Ce sont des feuilles de thé parfumées aux jasmin qui sont roulées en perle à la main, feuille par feuille.

Le thé au jasmin impérial de L’Autre Thé

Le grand cru de la maison L’Autre Thé, provient des montagnes du nord du Vietnam. Il s’agit d’une cueillette impériale (cueillette la plus fine où l’on retrouve des bourgeon et la plus jeune feuille). Les feuilles sont superbes.

L’odeur des feuilles et de l’infusion est très végétale et le parfum de jasmin est assez puissant, et donne une belle promesse quant à la dégustation.

En bouche, on a un thé d’une belle rondeur, avec une attaque florale très présente.
Je le trouve très long en bouche, c’est quelque chose que j’aime énormément. C’est à ce moment-là que toutes les notes végétales, comme de l’herbe fraichement coupé, explosent véritablement et se mêlent aux notes florales.
Le parfum du jasmin est intense du début à la fin de la dégustation, c’est une merveille !
C’est un thé très agréable et d’une fraicheur, qui se déguste à tout moment de la journée. Si vous aimez les thés délicats, à la fois subtils et puissants, vous en serez ravis ! Pour moi, c’est une très belle trouvaille.

Vous trouverez ce thé en boutique à Paris. L’Autre Thé y possède deux adresses et aussi sur leur site lautrethe.com à partir de 3,20 € les 10gr.

Le Genmaicha, le thé au riz japonais

Voici un thé assez original qui nous vient du Japon, le Genmaicha qui veut dire en japonais « thé de riz brun ».

Feuilles de thé Genmaicha avec ses grains de riz soufflés et grillés.

Le Genmaicha, du thé vert et du riz grillé et soufflé

Selon la légende, il aurait été créé par accident… Il y a très longtemps, le serviteur d’un samouraï aurait fait tomber un peu de riz par accident dans la tasse de thé qu’il venait apporter à son maître ( il devait certainement lui préparer son repas à côté en même temps ). Celui-ci pas du tout content de trouver autre chose que du thé dans sa tasse, ordonna sa mise à mort. Cela ne l’empêcha pas de boire le breuvage ! ( Plein de contradictions le monsieur ou alors il n’aimait pas gâcher ! ) Il apprécia le goût de ce mélange de thé vert et de riz ( ne ja-mais prendre de décision trop vite !! ). Il décida de se faire préparer cette nouvelle boisson tous les jours et la nomma d’après son malchanceux serviteur, Genmaï, qui donna en japonais le « genmaï cha », ce qui veut dire : le « thé de Genmaï ».
Dans la réalité, le Genmaicha aurait été créé pour des raisons surtout économiques. Si aujourd’hui le Genmaicha est un thé très consommé par toute la population au Japon et commence à bien se faire connaître chez nous, il était autrefois consommé surtout par les classes pauvres et populaires du pays du Soleil-Levant. C’est pourquoi on utilisait du thé vert de moindre qualité ( Bancha ) et surtout en moindre quantité qu’on mélangeait à du riz brun grillé, pour qu’il soit moins cher. On l’appelait d’ailleurs « le thé du pauvre ».
Mais aujourd’hui, on trouve aussi bien du Genmaicha fait à partir de feuilles de meilleure qualité que le bancha, comme du Sencha. Les feuilles sont toujours entières. Il peut également être fait avec du thé matcha en poudre qu’on ajoute aux Bancha/Sencha. En ce qui concerne le riz, là aussi, plusieurs types de riz peuvent être utilisés, ce qui donne de légères différences de goût. Le riz est grillé et aussi soufflé. Certains grains éclatent même et ont un aspect de pop corn.

Le goût du Genmaicha

La couleur de la liqueur est un jaune clair. À l’odeur du thé infusé, on a ce qu’on imagine bien à la vue du thé, ce parfum grillé et soufflé de céréales et de noisette grillée qui prend le dessus. En bouche, il est très présent et très aromatique, avec des notes grillées et marines assez soutenues. Les notes grillées persistent vraiment bien après. La texture du thé est assez soyeuse.
C’est un thé très original et qui peut dérouter un peu quand on a pas l’habitude. La première fois, j’ai été très surprise par ses arômes grillés, que j’apprécie
Mais même si son parfum grillé me plait, je ne pense pas que c’est un thé qui me va. Je l’ai essayé plusieurs fois auparavant et c’est toujours la même chose, j’ai du mal avec les notes marines du thé que je trouve très présentes.

Le Genmaicha est un thé original qui surprendra votre palais et votre nez. À tester par curiosité et pour vous faire une idée !

Le thé Rwanda Kinihira de L’Autre Thé

Aujourd’hui, je vous invite à découvrir un thé venant d’Afrique ! Et non ce n’est pas du Rooïbos qui, d’ailleurs, n’est pas du thé, car il ne s’agit pas de feuilles du théier mais d’un arbuste de la famille des Fabacées.
Le thé en question est un thé noir du Rwanda…

Le thé en Afrique

On ne pense pas souvent au continent africain quand on pense au thé, c’est vrai mais c’est là qu’on trouve le 3e producteur mondial de thé noir, le Kenya ! Étant donné que la consommation intérieure aux pays producteurs est très faible, la plus grosse quantité de la production est destinée à l’exportation.

Le thé a été introduit dans certains pays du continent durant la colonisation par les britanniques à partir du milieu du 19e siècle. Bénéficiant d’un climat favorable, chaud et humide et possédant des terrains assez élevées, certains pays comme le Kenya, le Rwanda, le Malawi, l’Afrique du sud, l’île Maurice ( et oui, géographiquement elle est rattachée à l’Afrique. Si cela vous tente, découvrez le thé mauricien Bois Cheri… ), la Tanzanie et d’autres encore, avaient les conditions nécessaires pour la production de thé.

On produit de toutes les couleurs de thé mais principalement du thé noir et selon la méthode CTC. C’est-à-dire «  crush tear curl », en français « écraser, déchirer, rouler ». Le résultat est un thé entièrement broyé. De manière générale, le thé fabriqué à partir de ce procédé mécanique ( qui est aussi utilisé dans les pays asiatiques ) est destinée aux sachets de thé et est d’une qualité nettement inférieure aux thés transformés selon la méthode orthodoxe qui est réalisée à la main et à la fin du processus, les feuilles de thés sont complètement entières ou légèrement brisées.
Mais avec le temps, s’est développé une production qui se veut de grande qualité, et certains pays comme le Malawi par exemple, produisent des thés selon la méthode orthodoxe et offrent alors de grands crus.

Rwanda Kinihira OP1 de L’Autre Thé

Ce thé rwandais est vendu par la maison L’autre thé. J’aime bien cette marque, il propose de bons thés et surtout de petit conditionnement ( 10gr) ce qui est top car cela permet de tester plein de thés à un prix super raisonnable et de pouvoir faire son choix avant d’acheter une boite de 100gr !

Il s’agit d’un thé noir bio qui provient de la plantation Kinihira. « OP 1 » c’est son grade. J’ai prévu de vous faire un article sur les grades de thé bientôt, mais pour expliquer de manière concise, les grades du thé indiquent le type de cueillette et la taille des feuilles utilisées pour le thé qui sont classées selon un système bien précis. Ce système de grade n’existe que pour le thé noir. Nous y reviendrons donc bientôt !
Ici « OP1 » signifie qu’il s’agit de feuilles entières, assez jeunes, qui ont été cueillies tardivement car le bourgeon s’est transformé en feuille. Il s’agit d’une cueillette fine.

À l’odeur des feuilles séchées, on a des notes assez boisées et un peu cacaotées sans que ce soit quelque chose de gourmand, mais plutôt quelque chose d’assez brut, nature. L’infusion dévoile une très belle couleur cuivrée.

En bouche, on retrouve ces notes boisées avec une texture très légèrement astringente.
Un thé que je trouve agréable et qui peut convenir le matin, pour se réveiller en douceur ! Je l’ai essayé aussi avec un peu de lait et de sucre, ils se marient bien ensemble !

Vous trouverez ce thé en boutique à Paris. L’Autre Thé y possède deux adresses et aussi sur leur site lautrethe.com à partir de 1,80 € pour 10gr.

Le Milky Oolong : notes lactées et légèreté

Connaissez-vous cette variété de oolong aux notes NATURELLES de lait et d’une belle légèreté ? Je le connaissais de nom mais c’est la première fois que je le goûte !
Voyons ce que ça donne !

Le Oolong ou le thé bleu.

Le oolong ou « wulong » qui veut dire dragon noir en chinois, porte également le nom de « thé bleu ». ou « thé bleu-vert »
Il s’agit d’un thé faible en théine, on peut donc consommer à tout moment de la journée, avis aux sensibles à la théine !
Il est produit dans plusieurs pays dont la Chine, notamment dans la province Fujian, sa région d’origine, à Taïwan, en Thaïlande mais aussi en Inde. Les variétés sont donc nombreuses.
Les feuilles de thé utilisées pour le oolong sont de grandes tailles. Après le processus de fabrication, elles ont une couleur légèrement bleu-vert ( d’ou son nom de thé bleu-vert ) et sont soit roulées en perles ou en torsades.
C’est un thé semi-oxydé. Et non pas semi-fermenté. Petite parenthèse, on peut confondre oxydation et fermentation. L’oxydation est l’étape dans l’élaboration du thé qui consiste à mettre les feuilles de thé au contact de l’oxygène de l’air pour qu’elles noircissent et qu’elles développent leurs arômes. Alors que la fermentation du thé est la phase durant laquelle on met les feuilles de thé au contact de l’eau ( thé jaune ) et de bactéries ( Pu-erh).
Le oolong est un thé dont l’oxydation est arrêtée en plein milieu du processus. Mais le degré d’oxydation peut être très variable, de très peu oxydé ( 10%) à fortement oxydé ( 70% ), ce qui a pour conséquence de donner différents types de thés Oolong aux arômes différents ( notons que toutes les étapes de la fabrication du thé participent à développer les arômes d’un thé, à créer les différents types de thé et les multiples variétés de chacun ). Un oolong très oxydé aura un arôme assez grillé, intense, un oolong peu oxydé pourra avoir des notes florales, beurrées et lactées…. Comme le Milky Oolong !

Le milky oolong

Cette variété de oolong est effectivement connue pour ses arômes beurrés et lactés !

Pour cette présentation, j’ai opté pour un thé provenant de Thaïlande et vendu par la maison Palais des thés. Certains milky oolong sont fabriqués en mettant les feuilles en contact avec de la vapeur de lait ou en y rajoutant un arôme de lait.

Feuilles de milky oolong après infusion
Les feuilles, après infusion, complètement déroulées. De très grandes feuilles !
Il m’a fallu plusieurs préparations pour déceler les arômes subtils de ce thé ( le oolong n’étant pas une de mes plus grandes habitudes ) mais à l’odeur pendant l’infusion, j’ai senti une odeur particulièrement fraîche, d’herbe et très discrètement, une odeur lactée. En bouche, on retrouve ces arômes et la texture de la liqueur est très veloutée, il y a cette sensation d’une liqueur légèrement huileuse, avec une grande légèreté. On pourrait en boire des tasses et des tasses assez facilement. Les notes lactées ne me sont venues que très subtilement en arrière-goût. Mais je pense que le souci vient de mon palais ( et non pas du Palais des thés… Bon j’arrête ! ) qui n’est pas très habitué au milky oolong, comme je vous l’ai dit plus haut. Mais j’étais très curieuse de découvrir le oolong et c’est un thé que je prendrai plaisir à boire de nouveau !

Tasse de milky oolong avec mochis.
Accompagné de petites douceurs comme des mochis, un vrai moment de délice !

Et vous, avez-vous déjà essayé le milky oolong ? Si non, avez-vous envie de le goûter ?

Le thé aromatisé : arômes naturels, artificiels… : comment s’y retrouver ?

Si vous lisez attentivement les étiquettes des produits alimentaires, vous avez sûrement déjà dû lire sur des boites ou des sachets de thé aromatisés, les mentions « arômes », « arômes naturels » ou encore «  arômes naturel de… » en vous demandant quelle était la différence et qu’est-ce que ça voulait dire. Eh bien si c’est votre cas cher lecteur féru de thé, cet article est rien que pour vous.

Assez compliqué tout ça !

Les arômes

Qu’est-ce qu’un arôme ?

Les arômes c’est une affaire de goût ! Avoir du goût c’est ce qu’on attend des aliments et des boissons. On adorent qu’ils égayent nos papilles et notre nez. Oui, car le goût passe également par l’odorat. Les molécules olfactives des aliments et boissons remontent vers le nez et nous permettent d’en apprécier le goût. Un arôme c’est donc cet ensemble de molécules olfactives. C’est un « principe odorant naturel qui existe dans les substances végétales ou animales », comme nous le définit notre ami le dictionnaire.

Mais ces molécules sont très volatiles et fragiles. Certains produits comme des fruits ou des fleurs ne gardent donc pas assez de goût ( même pour les fruits séchés ) pour qu’on les utilisent tels quels avec les feuilles de thé et d’autres produits.

Donc pour avoir des produits qui gardent du goût, on s’est tourné vers la chimie pour produire des arômes plus concentrés soit d’origine artificielle ( on copie chimiquement les molécules naturelles ) soit d’origine naturelle ( on extrait et on concentre les molécules naturelles par différents procédés comme la distillation, la torréfaction, l’extraction, la fermentation etc.). Mais, vous allez le voir, la mention « naturelle » peut ne pas être ce que vous croyez !

Les différences entre arôme , arôme naturel et arôme naturel de…

– Si vous voyez dans la liste d’ingrédients d’un thé la mention arôme , ou arôme suivi du nom de la note aromatique comme «  arôme vanille » : cela veut dire qu’il s’agit d’arômes entièrement artificiels. On a recréé en totalité les molécules odorantes, en faisant une « copie » chimique parfaite de la molécule naturelle.
Rajoutons également que pour l’industrie alimentaire se servir d’arômes artificiels c’est très économique.
D’un point de vue santé, on affirme qu’il n’y a aucun danger vu l’infime quantité utilisée d’arômes artificiels dans un produit. Et la législation européenne garantit l’utilisation d’arômes artificiels autorisés uniquement.

– Ensuite, si vous avez la mention arômes naturels : ici cela signifie que la molécule aromatisante extraite, provient d’une substance naturelle, oui, mais pas de celle dont elle a le goût. La chimie utilise d’autres substances qui ont une composition olfactive très proche voire similaire. Et c’est là que cela peut être trompeur.
Prenons le cas de la vanille. Pour reproduire une des ses molécules aromatiques, la vanilline, les industriels n’utilisent pas la gousse de vanille mais de la coniférine, extraite de la sève et qui est beaucoup moins chère !
Ou, très surprenant, pour reproduire le goût de la fraise, l’industrie peut utiliser des copeaux de bois qui ont une composition olfactive similaire à la vraie fraise ! Incroyable, non ?
Donc avec un « arôme naturel » on a un arôme provenant d’une source naturelle mais qui ne correspond pas à la  vraie  source.

– Ce qui nous amène à la 3e catégorie, celle des arômes naturels de : ici, la molécule aromatisante provient à 95% de la substance naturelle. Donc si sur une boite de thé vous lisez : « Arôme naturel de fraise », il s’agit de molécules aromatiques provenant bien de la vraie fraise. Les mentions «  Huile essentielles de … » ou « extrait de »  qui apparaissent parfois sur les étiquettes font partie de cette catégorie mais proviennent à 100 % de la substance naturelle.
Vous pourrez également trouver dans cette catégorie, la version bio des arômes !

Compliqué de s’y retrouver quand même, hein !

Le thé et les arômes

Le thé : une plante très aromatique

D’abord il faut savoir que les feuilles de thé sont naturellement très aromatiques. Chaque thé, de par son origine, la taille de ses feuilles et son oxydation donne un gout différent et une palette très riche d’arômes, de parfums.
Un thé nature a donc du goût pour ceux qui en douterait ! 🙂
Un thé nature, un darjeeling très aromatique.
Ce n’est pas évident ( Oh que non !) quand on a pas l’habitude mais en faisant un petit effort de dégustation, on peut entrainer notre palais à déceler de nombreux arômes .. C’est comme pour le vin !
Voici un petit document bien utile que j’ai trouvé sur le site de la marque Colors of tea :

crédit : Colors of tea.

Si le thé a ses propres arômes, cela n’empêche pas de le mélanger à d’autres chose pour avoir d’autres goûts, notamment de fleurs, de fruits et d’épices. D’ailleurs c’est une pratique qui ne date pas d’hier !

Le thé aromatisé/parfumé

Avant le thé parfumé par ajout, on avait le thé parfumé par mise en contact, qui se fait depuis le moyen-âge en Asie ! Cette technique consiste à mélanger aux feuilles de thé, des fleurs fraiches, comme la rose ou le jasmin, par couches superposées, durant plusieurs heures puis on retire les fleurs pour éviter l’amertume de celles-ci. Cette technique est toujours utilisée pour le thé au jasmin.
Les feuilles de thé absorbent très facilement les molécules odorantes avec lesquelles elles rentrent en contact. C’est un gros plus ! Mais, comme nous l’avons vu, toutes les fleurs, épices et fruits n’ont pas une puissance olfactive assez forte pour parfumer le thé.

Pour aromatiser un thé, on vaporise sur les feuilles de thé, le ou les arômes qui sont de forme liquide. Si vous trouvez des morceaux de fruits, ou des fleurs dans votre thé, ils sont surtout décoratifs. Mais des morceaux de fruits peuvent donner du goût car ils auront été mis en contact avec un arôme.

L’ajout d’arômes permet d’offrir une gamme de produits plus dense et d’élargir la cible de consommateurs, en proposant de nouveaux mélanges fruités, floraux et épicés, ou parfois des saveurs moins classiques et qu’on ne trouve pas dans la nature, comme saveur « cookie » …
Si pour certaines marques il s’agit avant tout d’une raison marketing, je trouve que pour d’autres, qui connaissent la richesse en goût du thé, il s’agit aussi de créer et de proposer des mélanges originaux, gourmands, subtils… Il s’agit d’un vrai travail de « parfumeur », où il faut trouver les bonnes combinaisons de saveurs qui ont un sens gustatif et olfactif. Pour moi, un bon thé aromatisé c’est celui qui fait cohabiter ensemble de manière harmonieuse, les saveurs des feuilles de thé et les arômes qu’on y rajoute. Et si possible d’arômes d’origine naturelle.


J’espère que ces notions d’arômes sont maintenant un peu plus claires pour vous ! Vous l’avez vu la différence réside essentiellement dans l’origine des molécules aromatiques. Si vous êtes attentifs à ce genre de chose pour vos choix de thés aromatisés, regardez bien les étiquettes, vous savez les déchiffrer maintenant !
Thés natures, thés parfumés, ils sont tous les deux riches d’arômes et de saveurs qui font plaisir à notre nez et nos papilles ! Et il y tant à découvrir ! La curiosité du palais humain est sans limite…

Boire le thé : un sujet de peinture

Boire du thé est une action, somme toute banale. Mais il suffit que ce geste devienne sujet de tableau pour qu’il s’en trouve intéressant.
À l’aide d’une petite sélection de tableaux, je vous montre ce geste par étapes, au travers de plusieurs cultures et époques.

Cela commence par avoir entre ses mains, la tasse avec anse ou non, ou la soucoupe, comme cela se faisait en Russie contenant la liqueur encore chaude. On souffle dessus pour la refroidir ou on attend qu’elle refroidisse en ne la quittant pas des yeux. Cela devient comme hypnotisant. Que voient-ils dans leur tasse ?

Puis, on commence à boire, doucement. On penche à peine la tasse ou la soucoupe qui doit être bien remplie. Le petit garçon, lui a besoin de ses deux petites mains pour ne pas renverser la soucoupe de thé.

Et là, on y est ! On a gouté et le thé est parfait. On se met à le boire plus rapidement en penchant la tasse ou la tête…

…pour ne laisser aucune goutte ! ( Elle avait la soif la dame ! )

Le sachet de thé est-il si bon pour la santé ?

Il est l’ami du petit-déjeuner et de la pause goûter, il est pratique et économique, le sachet de thé occupe une place de choix dans nos habitudes alimentaires et le thé jouit d’une forte image heathly. Mais le problème c’est que ce petit sachet contient d’autres choses moins bonnes que le thé…

sachet de thé sur lequel est dessiné une expression de grimace.

Le sachet de thé peut contenir… des pesticides.

Les pesticides ont en trouve malheureusement dans beaucoup de produits alimentaires et le thé n’y échappe pas. Plusieurs études ont montré que les sachets de thé en contenaient. En 2017 par exemple, 60 millions de consommateurs avait testé une vingtaine de thés noirs et verts et y avait décelé 17 pesticides différents ainsi que des métaux lourds comme du mercure ou d’aluminium. Dans cette étude, ils avaient montré que même les produits bios en contenaient. Mais tout ceci dans « des quantités faibles, qui la plupart du temps sont inférieures aux limites autorisées. »

60 millions de consommateurs a de nouveau effectué ce test il y a quelques mois, en début d’année 2022 , très intéressant à lire. Sur un échantillon de 48 thés et tisanes en sachet, 16 « substances problématiques » ont été retrouvées dont du glyphosate, du thiaclopride, de l’acétamipride et certaines sont même interdites en France ! Mais, comme l’explique l’article, celles-ci ne dépassent pas la « limite maximal de résidus» fixé par l’Europe. Donc ça passe !
Oui cher lecteur, ça n’a pas vraiment de sens… Ah le côté kafkaïen des législations…
Mais un point positif ressort de cette étude : cette fois-ci du côté des marques bios, il n’y a pas de trace de pesticides comparé à l’étude de 2017 ! C’est une avancée et ça c’est à souligner !
Mais tous les thés n’existent pas en version bio et peut-être pas celui qu’on a l’habitude de boire, ou peut-être est-ce le prix du bio qui est rédhibitoire, bref il y a plusieurs raisons et considérations qui peuvent nous faire rester sur nos choix de consommer des thés non bios.
Sachez qu’il y a des marques qui effectuent un contrôle sérieux sur l’usage des pesticides et s’engagent à respecter les normes qui garantissent l’usage de pesticides uniquement autorisés et un taux faible de ces substances. Regardez bien les informations que communiquent les marques de thé ( grande distribution et maisons de thé ) sur leur site et n’hésitez pas à vous renseigner.

Nous avons vu le contenu, voyons maintenant le contenant.

Le sachet de thé peut contenir… du plastique.

Aujourd’hui on ne trouve pratiquement plus de sachet de thé avec des agrafes ! Une très bonne avancée ! Mais la matière utilisée pour la fabrication des sachets de thé, elle, reste dans certains cas problématique.
Il existe principalement des sachets de thé faits en papier et en nylon.
Pour le papier s’il n’est pas blanchi, il n’y a normalement pas de problème. Le blanchiment du papier est très souvent réalisé avec du chlore ! Donc pas top top… Mais de plus en plus de marques, qu’elles soient de la grande distribution ou de maison de thé indépendantes, utilisent du papier non blanchi. Soyez attentif à ce qui est écrit sur le paquet. Généralement, il y a la mention « non blanchi » ou «  blanchi sans chlore ».

boite de sachet de thé en papier non blanchi
Un exemple de sachet en papier non blanchi.

Pour le nylon, là c’est autre chose. Car le nylon c’est du plastique ! Alors d’accord, le sachet en nylon est peut-être plus beau, plus brillant, plus soyeux, laisse davantage l’eau entrer en contact avec le thé, ce qui permet une meilleure infusion, mais… il permet aussi au plastique d’infuser ! Là on oublie un peu toutes les autres qualités, hein ?
Une étude de l’université McGill à Montréal en 2019 relayée par UFC-Quechoisir , a montré qu’au contact de l’eau chaude, le sachet en nylon libérait des micro et des nanoparticules de plastique à un niveau étonnamment élevé.
Pour éviter de se retrouver avec du plastique dans l’estomac, mieux vaux mieux préférer des sachets de thé en papier non blanchi ou, comme le propose certaines marques, des sachets fait à partir d’amidon de maïs : le soilon. Vous pouvez également vous tourner vers le thé en vrac et utiliser une boule à thé et autre type d’infuseur ou le sachet en tissu non blanchi ET réutilisable, ou même simplement une petite passoire, c’est ce que j’utilise.


Au vu de leur composition, les sachets de thé ne correspondent pas toujours à l’image saine qu’on leur prête. Mais comme vous l’avez vu, tous ne sont pas dans ce cas-là et nous permettent de consommer un produit plus propre, des marques qui garantissent un cahier des charges très sérieux au niveau des pesticides existent tout comme des alternatives au sachets faits de plastique.

Roman policier et tasse de thé

Dans notre imaginaire collectif, on associe le thé à plein de choses dont une m’intéresse, les romans policiers et les meurtres… Mais d’où cela nous vient ? J’ai une réponse qui tient en deux mots… Plutôt en un nom…

Quelle est cette drôle d’ombre au fond…Oh mais que vois-je ???!!!

… AGATHA CHRISTIE

Ses romans ont tous une ambiance bien reconnaissable. On plonge entièrement dans un univers typiquement anglais. La reine du crime, britannique s’il fallait le rappeler, a fait évoluer ses personnages en Angleterre, et nous a familiarisé avec des décors et des habitudes bien british : comme la paisible campagne anglaise ( enfin faussement paisible hein ), des personnages au flegme british à toute épreuve, les lords et les duchesses ou encore ces rituels bien ancrés dans la culture britannique comme … l’afternoon tea !

Le thé ! Béni soit le rituel du thé quotidien de 5 heures !

Dix petits nègres – Agatha Christie

Et dans son oeuvre, les personnages boivent très souvent du thé. Le tea time est un moment et un décor très présent : la rencontre du détective avec d’autres personnages, la vie sociale du village, de la communauté où se situe l’action, les scènes d’interrogatoire, de réflexion du détective, tout cela se passe très souvent autour d’un thé. Pas étonnant alors, cette association thé/policier.
Et parfois le thé est à l’origine du crime !

Crime dans une tasse de thé

Agatha Christie n’a pas utilisé cette tradition du thé uniquement pour le contexte de la vie de village mais s’en est servi comme arme du crime. Une innocente tasse de thé, bien chaude et réconfortante, soudain devient une arme mortelle, pleine de poison. Mais l’est-elle vraiment ou est-ce juste un leurre… Ne vous inquiétez pas ! Pas de spolier ici !!! Je vous invite, si vous ne l’avez jamais fait, à lire ses oeuvres pour le savoir.
Le thé dans l’oeuvre d’Agatha Christie fait l’objet d’un super article ( en anglais ) du site « The home of Agatha Christie » que je vous conseille.

 L’eau ne bouillait pas tout à fait quand Miss Somers la versa sur le thé, mais la pauvre Miss Somers ne savait jamais quand l’eau bouillait réellement. C’était, parmi d’autres, une des choses qui l’avait toujours affligée. Elle emplit les tasses et les fit circuler, ayant mis dans chaque soucoupe deux biscuits à la cuiller.

Une poignée de seigle – Agatha Christie

Un héritage toujours présent

Les romans de l’auteure sont parmi les plus lus au monde et ses personnages de Poirot et de Miss Marple sont emblématiques, ( j’en suis complètement fan et j’en suis sûre que vous en avez déjà lu ! Et je le redis si ce n’est pas le cas, foncez lire un de ses livres ! ).
Pas étonnant alors que cet imaginaire ait à ce point marqué nos esprits, avec toute cette culture british dont la tasse de thé est un des éléments.

D’ailleurs, il y a un héritage très fort d’Agatha Christie présent dans la production littéraire, audiovisuelle, cinématographique, qui a continué à developper ces références dans notre imaginaire.
Comme les adaptations audiovisuelles de Poirot et Marple de ITV ou de la BBC. Citons également, Inspecteur Barnaby qui se passe aussi dans le fin fond de la campagne, avec des villageois plus suspects les uns que les autres et qui boivent tous du thé dans de la vaisselle d’un autre siècle !
Ou ce qu’on appelle le cosy mystery, qu’on pourrait voir comme un prolongement du style d’Agatha Christie. Ce sont des romans policier légers qui se déroule dans la campagne anglaise, avec un personnage qui enquête mais qui n’est pas détective, comme la série littéraire Agatha Raisin ( le nom est un gros clin d’oeil ) et qui connaissent un fort succès depuis quelques années.

La première enquête d’Agatha Raisin. Tiens donc, une tasse de thé..

Preuve que la tasse de thé au goût de mystère a un avenir radieux !
Et bien sûr tous ces romans sont à lire accompagné d’un bon thé!

Gourmandise au coquelicot de Dammann

Boîte de thé Coquelicot gourmand de Dammann Frères entouré de fleurs de coquelicots sur un fond jaune.

Le coquelicot est une de mes fleurs préférées et je suis assez friande de toutes les douceurs qui en contiennent, comme les bonbons au coquelicot de Nemours.
Alors bien évidemment, je suis partie à la recherche d’un thé qui aurait un petit goût de cette fleur rouge et je suis tombée sur ce bouquet concocté par la maison Dammann Frères : Coquelicot gourmand.

Bonbon au coquelicot

C’est un thé aromatisé, composé de thé noir ( il n’y pas l’origine ), de pétales de fleurs, et d’arômes de coquelicot ( pour le composer, on a utilisé des arômes de framboise, de cerise et de violette ), de vanille, d’amande amère et de biscuit.
Comme c’est le cas avec les mélanges de thés aux fleurs, l’aspect visuel est coloré et beau, avec ses pétales bleus, roses et blancs qui sont mélangés à de belles feuilles de thé entières.
La composition a une odeur de friandise qui rappellent le bonbon au coquelicot, avec ses notes sucrées et acidulées, adoucit par l’odeur de biscuit. Ces parfums gardent toute leur intensité après infusion.

Un thé trop léger

Et pour le goût ? Ce qu’on sent au niveau olfactif, on le retrouve au niveau du goût.
On a une boisson qui nous fait retomber en enfance, avec des arômes gourmands très plaisants. Mais j’aurais préféré un thé noir plus présent. Pour ceux qui aiment les thés légers aromatisés, il vous conviendra !

Vous trouverez ce thé dans toutes les boutiques Dammann Frères et sur leur site, au prix de 6,30 € le sachet en vrac de 100gr. La boite de thé en vrac est à 10,50 €.

Thé et nature morte

La nature morte est un genre pictural qui a traversé tous les âges de la peinture, dont l’origine remonte à l’antiquité et qui a connu son essor à partir du XVIIe siècle dans plusieurs pays européens. Bien qu’il fut considéré comme un genre mineur, de nombreux et célèbres peintres en ont réalisé.
Sans trop rentrer dans les détails – qui sont certes passionnants, mais là on a pas le temps – la nature morte c’est un tableau qui représente des sujets inanimés, comme des objets, vaisselle ou des végétaux ou encore des animaux morts, agencés d’une manière bien déterminée par le peintre, qui se veut réaliste et parfois symbolique. Il s’agit donc d’une mise en scène d’objets.
Pour le peintre qui réalise une nature morte, c’est un exercice de la lumière, des formes, des couleurs.

Je vous propose d’explorer quelques natures mortes ayant pour sujet des objets liés au thé et de voir ce que ces tableaux ont à dire sur ce thème au travers des âges.

La nature morte : quand la théière prend la pose

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec théière, raisins, noix et poire

On commence avec un maître français de la nature morte, Jean-Baptiste-Siméon Chardin, avec sa Nature morte avec théière, raisins, noix et poire. Avec les natures mortes, c’est simple, on a toujours tout le contenu du tableau dans le titre. Pour la description c’est pratique !
Ce qui attire l’oeil ici, c’est la théière, sa blancheur qui capte et réfléchit la lumière. Les noix et fruits sont posés simplement sur la table comme éléments décoratifs, avec quelques raisins dépassant du rebord de table ( l’objet ainsi suspendu ou qui est sur le point de tomber se retrouve dans de très nombreuses natures mortes. Cet élément suspendu, très réaliste fait toujours son petit effet ). Le tout, exposé sur un fond neutre, assez sombre.

Composition conventionnelle pour ce genre, alliant objets et fruits qui parfois revêtent une certaine symbolique, religieuse très souvent. Mais ici, je ne pense pas que cela soit le cas. Les fruits ne sont là que comme éléments décoratifs et permettent à l’artiste de montrer son travail sur la lumière et sa réflection. Mais… je serai tentée de développer une petite interprétation sur le rapport qui peut exister, entre la théière d’un côté et les fruits de l’autre.
Le thé est à l’époque de Chardin une boisson consommée surtout par les personnes aisées. Cette théière d’une blancheur éclatante, qui elle-même devait être un ustensile assez cher ( qu’elle soit en porcelaine ou en grès ou autre ), était donc un signe extérieur de richesse. Et nous avons à côté, comme en contraste, de simples fruits posés à même la table. Chardin a-t-il voulu ainsi exprimer une sorte d’antithèse ? A-t-il voulu montrer que les choses simples étaient tout aussi belles que celles qui brillent davantage ? Ou à l’inverse, ramener ce qui est plus raffiné, plus riche à une certaine simplicité ?
Je ne sais pas mais je me pose la question. Peut-être n’avait-il que ça sous la main au moment de faire son tableau, ce qui est tout aussi probable !

C’est une mise en scène très classique pour une nature morte : les objets posés simplement sur une table, un décor extrêmement simple, un fond sombre permettant de ne se focaliser qu’uniquement sur le premier plan, un angle de vue frontal.
Et donc, comme beaucoup, c’est une composition qui n’est pas sans rappeler celle de certains portraits en peinture et en photographie où les personnes posent. C’est justement cette impression que les objets prennent la pose, qui est recherchée dans la nature morte.

Comme dans ce tableau de Chan Siu Min, peintre hong kongais contemporain, où le service aux motifs asiatiques est agencé de cette manière, dans un décor drapé.

Chan Siu Min
Chinese Tea Set
1992

Le drapé est un élément bien connu des natures mortes. Ici, avec le drapé au mur et au sol, cela donne un effet contemporain, un peu studio photo.
On peut contempler ce service typiquement asiatique. Si la tasse de thé trouve son origine en Chine, la anse de la tasse a elle, été créée en Europe. Je l’ai découvert dans cet article dont je vous conseille la lecture.

Pieter Gerritsz van Roestraten ( 17e siècle)
A Yixing Teapot and a Chinese Porcelain Tete-a-Tete on a Partly Draped

Dans cette nature morte de Pieter Gerritsz van Roestraten dont l’agencement reprend les mêmes caractéristiques ( avec la table, le décor sobre et sombre, l’angle frontal, le drapé, et la position des objets qui prennent la pose ). Nous y voyons les deux tasses remplies de thé ! Vous le verrez dans la suite de ma sélection, voir le thé comme liqueur est assez rare.
Nous avons quelques éléments qui nous indiquent la manière dont on consommait le thé à l’époque. Comme ces morceaux de sucre candi posés bien en évidence sur la table près de la cuillère. Le sucre candi est d’ailleurs toujours utilisé pour sucrer le thé dans certains pays.
Il y a un pot très élégant qui accompagne le saladier et les tasses tous décorés de motifs asiatiques. Il s’agit d’un pot à thé. Il trouve son origine en Asie et il est toujours utilisé de nos jours (mais en moins beau) pour conserver le thé.
La théière qui semble ne pas faire parti du service, est une théière Yixing, faite d’argile de la province du Yixing en Chine. Il y a donc ici beaucoup, pour l’époque, d’exotisme, de nouveauté, de finesse et donc de luxe.
Dans un autre tableau de l’artiste qui représente les mêmes éléments, le peintre y a rajouté un pot à épices, celles-ci étant utilisées pour aromatiser le breuvage.

Pieter-Gerritsz-Van-Roestraten (17e siècle )
Still-Life-with-Tea-Cups

Nature morte : le moment du thé

On change de type de composition avec les oeuvres du peintre suisse Albert Anker, Nature morte, thé et gâteaux et du peintre contemporain russe, Boris Vedenikov, Still Life with Samovar. Le tableau de Vedenikov date de 1991 mais donne l’impression qu’il s’agit d’une table du 19e siècle, surtout quand on le compare à celui d’Anker. Je l’ai d’ailleurs cru pendant que je préparais le texte ! (Heureusement qu’il m’arrive de regarder la date des oeuvres ). C’est très surprenant. Peut-être une volonté de kitch ou de nostalgie.

Nous ne sommes plus dans la mise en scène d’objets qui posent simplement mais nous avons affaire à des objets placés naturellement dans leur environnement, dans un décor reconstitué. Un cadre qui donne la sensation d’une atmosphère plus domestique, quotidienne, chaleureuse aussi, avec ce fond rouge, ces belles nappes.
Les peintres représentent de beaux modèles d’ustensiles avec pour celui de Boris Vedenikov, ce samovar, qui fait dire qu’il s’agit d’une table de pays de l’est et celui de Anker, ce système de théière sur réchaud très prisé au 19e siècle ( que l’on peut trouver dans le tableau de Jeanne Lemaire).

Ce qui est représenté dans ces tableaux, ce n’est plus le thé comme objet, mais comme moment, comme repas. Le thé de l’après-midi, instant gourmand et chaleureux.

Tout est prêt, la table est mise…

Avec le tableau de Paula Modersohn-Becker, on a la version sans aliment et légèrement plus froide au niveau des couleurs. Mais s’échappe quand même, de ce moment du thé, une chaleur avec cette table préparée.

Paula Modersohn-Becker
STILL LIFE WITH BLUE AND WHITE PORCELAIN TEA SET, 1900

On agrandi un peu le cadrage et nous avons la nature morte de la peintre russe Olga Alexandrovna, qui donne à voir un peu plus la pièce dans laquelle on a préparé le thé, avec, toujours, un joli service à thé aux détails très fins, un imposant samovar ainsi qu’un gâteau et des confitures. Pour le gâteau et le thé ! Les russes utilisaient de la confiture ( certains le font encore ) pour sucrer leur thé qui était très fort.

Olga Alexandrovna
The Russian tea table at Knudsminde.

J’ai sélectionné cette oeuvre car je la trouve marquée d’une grande nostalgie, quand on connait l’histoire de la peintre. Olga était la soeur du tsar Nicolas II et a dû fuir la Russie lors de la révolution en 1918. Son pays lui manquait beaucoup et ce tableau, ce qu’il représente, ce thé russe dans une ferme du Danemark, est le témoignage de sa nostalgie et de sa culture russe qu’elle n’a jamais oublié. Une table pleine de souvenirs….

Mais le thé ne se boit pas qu’a table quand on voit le tableau de Claude Monet, Le Service à thé. Ici le style est épuré !!

Claude Monet
Le Service à thé
1872

On dépouille tout. Le thé se boit sur le sol, mais quand même sur une jolie nappe blanche (on dirait un pique-nique à l’intérieur ). Le service bien qu’en porcelaine aux motifs élégants et aussi réduit au strict minimum, pas de sucre, pas de gâteaux mais juste deux petite tasses, l’une remplie, l’autre non, une peeeeeetite théière, et une cuillère pour deux. Cette cuillère posée négligemment sur la nappe interpelle un peu…
Moment du thé pas si dépouillé que ça, en tout cas esthétiquement non. Il y a quand même cette petite nappe blanche, une petite plante déco dans un pot dans le même style que le service à thé qui es posé sur un très beau plateau rouge à l’esprit asiatique. Ces éléments apportent de larges et belles touches de couleurs dans le tableau.
Il y a quelque chose qui me fait rire avec cette nature morte. Peut-être cet endroit atypique choisi pour le thé, avec la plinthe en arrière plan… Je pense automatiquement à une scène de déménagement, quand on fait une pause entre tous les cartons, et qu’on s’installe par terre pour une pause gouter ! Ce qui me fait sourire aussi, c’est cette cuillère pour deux posée sur la nappe, qui là encore, automatiquement, me questionne beaucoup.
Mais je reconnais aussi la beauté tout en délicatesse de cette nature morte. Il y a comme un silence qui s’en dégage, comme dans tous les tableaux que nous venons de voir. Vous allez me dire que c’est normal pour des oeuvres dont les sujets sont des objets inanimés et qui font disparaître la présence de l’homme !

Eh bien… pas tant que ça quand on voit le tableau de Jean Etienne Liotard.

Jean-Etienne Liotard
Nature morte au service à thé
(c. 1781-83)

Je pense que celui-ci est mon préféré de la sélection. On y voit un très beau et couteux ,certainement, service à thé en porcelaine au décor asiatique. Certaines tasses ont été utilisées, d’autres non, il y a des tartines, certaines mangées dont quelques morceaux ont été laissés en désordre, il y un généreux bol de sucre avec une très belle pince, un bol destiné à recevoir les tasses utilisées, un pot à thé, un pot à lait et une théière. Le tout posé sur un plateau, lui-même posé sur une table. Là on revient à un décor très neutre et sobre, mais les objets ne prennent pas la pose. De part leur position, il y a un contexte et une histoire qui s’en dégage.
Les objets sont utilisés. De ce plateau en désordre, on y sent la vie et on s’imagine sans mal, les bruits de couverts, de tasse, en se servant, en rangeant, en reposant négligemment une tasse, les bruits de bouche en mangeant les tartines… Ce cadrage serré en contraste avec ce plateau qui contient tant de choses et de tasses donc de personne, donne cette sensation qu’il y a beaucoup de bruit.
C’est un tableau qui, juste en montrant un service utilisé, montre la vie, le bruit qu’il y eu sans montrer un humain. Il diffère des autres oeuvres montrées, ( à part celui de Monet ) par l’instant choisi par le peintre : après le moment du thé ou pendant si on se dit que les tasses retournées n’ont pas encore été utilisées. C’est une composition qui n’est pas figée. Et c’est une composition qui déclenche fortement l’imagination du spectateur par la narration qu’il impose.
Au vu du nombre de tasse, il y a 6 personnes présentes. Certaines se sont servies, d’autres pas encore ou peut-être que certaines l’ont fait mais ont replacé les tasses très proprement. Peut-être qu’elles n’ont pas encore bu parce qu’elles sont encore trop occupées à discuter. Les bouts de tartines laissés par-ci, par-là, peuvent suggérer qu’il s’agit d’un cadre familial (famille ou amis), où on est plus à l’aise. De par le luxe, il s’agit bien évidemment d’une famille très aisé. On oublie pas que Liotard est un peintre du 18e siècle et toujours à cette époque, le thé c’est une affaire de riches. Le cadrage est serré et pourtant la vie qui se dégage de ce plateau et les détails qu’il contient, nous projettent ce qui doit être autour, le hors-champ, comme on dit au cinéma : une famille et/ou des amis discutant, allant se servir et revenir pour discuter dans un salon au décor aisé et bruyant.
C’est une interprétation bien sûr. Imaginez ce que vous voulez ! La peinture est aussi faite pour ça !

Nature morte : chanoyu, livre et cubisme.

Je voudrais finir par ces deux oeuvres.
Il s’agit d’une estampe japonaise de Kobe Shunman du 19e siècle et une oeuvre à la peinture tempera ( à l’oeuf ), Tea leaves, d’une artiste américaine que j’ai découvert pendant mes recherches pour cet article, Katharine Taylor.

La nature morte de Shunman illustre un poème écrit pour célébrer la 1ere cérémonie du thé de la nouvelle année. Je vous invite à lire la traduction .
L’estampe présente tous les ustensiles nécessaire pour la cérémonie du thé japonais, le « Chanoyu » : le « kama » : la bouilloire en fonte, le « cha-ire » : le pot de thé entouré dans un petit sac, le «  chawan » : le bol à thé, le « fukusa » : petit carré de tissus pour manier les ustensiles chauds ou pour le nettoyage des ustentisles, le « chashaku »:la cuillère pour prendre le thé, le «chasen» : le fouet pour le matcha et ce qui me semble être le «mizusachi» : la jarre contenant l’eau pour le nettoyage du bol. Une branche de camélia accompagne le tout, symbole de la fin de l’hiver et donc du début du printemps. Cette estampe nous donne à voir le Chanoyu comme un art et une philosophie liée à la nature.
Pour le tableau de Katharine Taylor, on voit ici qu’elle reprend les codes que nous avons déjà vu dans les oeuvres précédentes. J’apprécie cette oeuvre car elle associe le thé à la lecture ( thé et lecture, chose bien ancrée dans nos habitudes ). J’ai choisi cette oeuvre contemporaine dans cette sélection d’oeuvres anciennes pour montrer que la nature morte est toujours un genre présent de nos jours et surtout que la nature morte ayant pour sujet le thé traverse les siècles.

Il me reste encore une dernière oeuvre à vous montrer (oui, j’ai menti quand j’ai dit qu’il ne me restait que deux oeuvres ). Je voulais terminer comme j’ai commencé, avec une nature morte avec une théière blanche et des fruits. Celle de Cézanne.

Paul Cézanne
Nature morte avec pot de thé
1902-1906

Cézanne, peintre du 19e siècle et précurseur du cubisme, a peint de nombreuses natures mortes dont beaucoup avec des pommes et des oranges. Il avait fait de la forme des pommes et des oranges son champ d’étude, lui qui était captivé par les formes géométriques et les couleurs.
On retrouve les grands classiques que vous connaissez bien maintenant : le fond neutre, le drapé, les fruits, le couteau sur le point de tomber…
Ici, il n’y a pas de narration, ni réalisme tel qu’on l’a vu dans toutes les oeuvres. Il y a la réalité perçue par Cézanne, celle où la forme et les couleurs priment.
Voyez comme cette rondeur est présente partout sur la table. C’est la rondeur qui saute aux yeux. Celle de la théière qui fait écho, à celle des fruits, du pot à sucre et de l’assiette. Le fond aux couleurs foncées, fait de coups de pinceaux qui brouillent la réalité, fait ressortir les couleurs éclatantes et chaudes des fruits et du tissu qui marquent le regard. Au milieu d’elle, cette théière blanche qui se distingue et qui commence à refléter l’orange des fruits. Oui, il y a un bien un petit quelque chose de cubiste dans cette théière.


Des théières qui prennent simplement la pose ou des théières qui racontent une histoire, des services aux décors exotiques reflétant le luxe ou ceux plus modestes mais tout aussi élégants, pour une personne ou bien un grand ensemble, consommé avec du sucre candi, ou du sucre blanc, ou de la confiture, au Japon au 19e siècle ou aux États-Unis au 21e… Ces natures mortes témoignent, certes, des différences, mais surtout, d’une chose qui semble intemporelle : la place d’une tasse de thé dans nos habitudes quotidiennes. Le thé a encore de beaux jours sur nos tables !

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Anxi Tie Guan Yin, récolte d’automne 2021. 

Faiblement oxydé et non torréfié, il provient de la province du Fujian et, est très populaire en Chine. 

Une liqueur coulante, d'une certaine complexité et d'une longueur assez phénoménale. C'est un oolong qui révèle ses mystères petit à petit… Il se dévoile totalement quand il disparaît, en habillant le palais d’un champ de fleurs blanches ! 

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Beauté des feuilles de thé…😍😍😍

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